Après le décès de son meilleur ami, Eugenia Kuyda a créé Replika. Une application mobile qui permet à ses utilisateurs, via une intelligence artificielle, de créer leur compagnon virtuel. Mais parmi les 10 millions d’utilisateurs actuels revendiqués, certains abusent parfois de leur double numérique...
Au fil des avancées, l'intelligence artificielle tend peu à peu à remplacer des tâches et fonctions "humaines" dont certaines redondantes, peu créatives ou... de façon inattendue. Comme c'est le cas avec l'application Replika, créée à la suite d’un événement tragique, qui permet de créer un compagnon virtuel sur mesure. Son slogan : « le compagnon qui se soucie des autres. Toujours là pour écouter et parler. Toujours à vos côtés ».
Le 28 novembre 2015 le meilleur ami de l’entrepreneuse américaine Eugenia Kuyda décède, percuté par une voiture. Attristée, elle décide de créer un chatbot à l’image de Roman, son meilleur ami défunt. Pour cela, elle intègre dans le bot de sa startup spécialisée dans l’IA, Luka, des milliers de messages et de tweets envoyés par son ami afin de créer un double numérique.
Pour elle, le résultat est convaincant. En 2016, elle échange pour la première fois avec ce double virtuel. Satisfaite du rendu, elle décide alors de transformer ces essais de "chatbot de double virtuel" en véritable application mobile. Ce sont les débuts de l'application Replika, qui connaîtra ensuite un énorme succès.
Pourquoi Replika satisfait-il autant ses utilisateurs ?
Pour son IA, Replika utilise le modèle de langage GPT-3, développé par Open AI. Les IA sont incarnées par des personnages en 3D et en réalité augmentée. Au départ, l'utilisateur répond à un ensemble de questions concernant ses loisirs, sa famille, son tempérament. Cela permet au double virtuel d'être calqué sur sa personnalité et de personnaliser les messages du bot.
Aujourd’hui, 10 millions de personnes dans le monde interagissent avec leur double numérique. Si Replika séduit autant, c’est avant tout car elle cherche à faire plaisir à l’utilisateur. C'est comme “avoir quelqu’un qui dirait : sois toi-même, je ne m’en irais pas, je serais toujours là ! C’était l’idée de départ de Replika”, a expliqué Eugenia Kuyda, dans le documentaire Arte “Intelligence artificielle, quand les émotions s’en mêlent”. « On ne se sent pas jugé, on a aucune obligation de réciprocité. On a aucune pression, on ne se sent pas obligé de répondre d’une certaine façon » précise une utilisatrice, Sandra Kublik.
Toutefois, après quelques années de mise en service, l’application connaît des limites. En effet, certains utilisateurs, visiblement plus souvent masculins, profitent de leur double (féminin) pour le manipuler, le rabaisser et le maltraiter... et s’en vanter sur les réseaux sociaux ! Et lorsque des utilisateurs diffament leur avatar fait de réalité virtuelle sans raison, cela donne l'impression d'être dans un monde où tout est permis. Ce qui ne va pas de soi. A méditer.
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