
Cybermenaces & IA : L’Europe est-elle encore en mesure de résister ?
La cybersécurité est devenue une sorte de nouveau champ de bataille où États, entreprises et cybercriminels s’affrontent. Lors du premier épisode de PrivacyBreak – Le Talk, nos experts invités - Amélie Montet, CEO de Cyber Connect et Nicolas Thomas, CEO de Inkan.link, ont abordé des sujets au croisement de l’IA et de la cybersécurité, les nouvelles formes de cyberattaques et les stratégies pour mieux se protéger. Ils ont échangé sur la professionnalisation des attaques, le rôle grandissant de l’intelligence artificielle et les efforts de régulation en Europe.
La question au coeur de nos échanges fut celle-ci : Face à une menace de plus en plus sophistiquée, comment l’Europe peut-elle se protéger efficacement ?
Les cybercriminels ne sont plus des amateurs isolés, mais de véritables professionnels exploitant des outils ultra-performants. Sur le Dark Web, il est désormais possible de s’abonner à des services malveillants, comme des générateurs de phishing basés sur l’IA, pour quelques centaines d’euros par mois. Cette industrialisation du crime numérique touche particulièrement les PME et TPE, souvent mal préparées et peu sensibilisées aux risques.
En parallèle, les États sont de plus en plus impliqués dans ce cyberespace conflictuel. Certains groupes d’attaquants sont directement liés à des gouvernements, comme l’ont démontré des cas récents en Russie, en Israël ou encore aux États-Unis. Cette porosité entre cybercriminalité et géopolitique pose un défi majeur aux entreprises européennes, qui doivent composer avec une menace omniprésente. Mais ce serait simple si ce n'était que ça. Aujourd'hui il faut considérer le développement exponentiel de IA dans l'équation, ce fut un des enjeux important du Sommet pour l'Action sur l'IA oragnisé en février en France.
L’intelligence artificielle, un accélérateur de cybermenaces ?
L'essor de l'intelligence artificielle ne fait qu’accentuer cette problématique. En facilitant la création de contenus trompeurs ou en automatisant l’exploitation de failles de sécurité, l’IA est devenue une arme de choix pour les cybercriminels. L’augmentation des cyberattaques est directement liée à l'utilisation d'outils IA capables de traduire et d’adapter des campagnes de phishing à différentes langues et contextes culturels.
Si les entreprises adoptent ces technologies pour se protéger, elles doivent aussi composer avec un manque de compétences en cybersécurité. La plupart des développeurs spécialisés en intelligence artificielle ne sont pas formés aux enjeux de sécurité, ce qui multiplie les vulnérabilités. Une faille dans un modèle IA peut ainsi ouvrir la porte à des attaques d’ampleur.
L’Europe en retard sur la régulation et la protection
Face à ces enjeux, l’Europe tente de structurer la cybersécurité à travers des réglementations comme DORA et NIS2, qui visent à renforcer la résilience des infrastructures critiques. Mais ces initiatives suffisent-elles ? Les experts du PrivacyBreak sont partagés.
Finalement, la cybersécurité est perçue comme une partie d’échecs dans laquelle l’humain garde encore l’avantage… pour le moment. Pour contrer la menace, il ne s’agit plus seulement d’investir dans des solutions techniques, mais aussi d’intégrer la cybersécurité au cœur des stratégies d’entreprise et des politiques publiques. Sans une approche plus proactive, l’Europe risque de devenir une cible privilégiée dans ce nouveau paysage numérique hostile.
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